Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une

Je n’ai pas beaucoup d’expérience avec le développement personnel. Jusque là, je voyais surtout celui sur internet, par des vidéos, souvent très accès gestion de temps ou écriture et qui, en y repensant, était une version assez light comparée à d’autres, mais qui m’allait totalement. J’en avais vu deux trois qui ne me plaisaient pas et je voyais d’autres qui étaient plus accès sur « healthy and cie » (ce qui me rend hyper méfiante à chaque fois que je lis), mais je passais mon chemin. Du coup, je ne comprenais pas trop ce qu’on reprochait et ça me semblait trop extrême.

Et puis j’ai lu « Miracle Morning » et j’ai eu un grand « AH. » Le « AH. » du GIF. Le « AH » de « Ah. Ah oui. Ah oui, mais non. Ah mais non, non, c’est pas possible cette histoire ». En gros : j’ai détesté. Vraiment. Mais les annexes étaient cools (ce qui est un peu étrange vu que j’attendais la fin avec impatience, mais arrivée à la fin, j’avais enfin un truc intéressant ?). Bref, j’ai fait un exercice et demandé de l’aide à ma grande sœur pour cela. Je crois que cela m’a collé une étiquette « Aime le développement personnel » sur le front, car j’ai eu le droit à ce merveilleux livre pour Noël. Non pas que je lui en veuille ^^ j’avais déjà vu ce livre dans les rayons et, s’il ne m’intéressait pas du tout, maintenant que je l’avais en cadeau… Pourquoi pas ?

En bref, mon a priori sur ce livre : plutôt mauvais, mais en même temps, pourquoi pas ? Je m’attendais à ce que ce que livre me redonne foi en son genre, surtout que c’était un roman.
Est-ce que mes attentes ont été comblées ? Eh bieeeeen…

Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une

Autrice : Raphaëlle Giordano

Date de publication : 1er juin 2017

Nombre de page : 256

Résumé : Camille, trente-huit ans et quart, a tout, semble-t-il, pour être heureuse. Alors pourquoi a-t-elle l’impression que le bonheur lui a glissé entre les doigts ? Tout ce qu’elle veut, c’est retrouver le chemin de la joie et de l’épanouissement. Quand Claude, routinologue, lui propose un accompagnement original pour l’y aider, elle n’hésite pas longtemps: elle fonce. À travers des expériences étonnantes, créatives et riches de sens, elle va, pas à pas, transformer sa vie et repartir à la conquête de ses rêves…

Mon avis :

Commençons par le positif. J’avais détesté Miracle Morning. Celui-ci… Beaucoup moins.

Le fait que ce soit un roman est vraiment un avantage. L’aspect « storytelling » est bien plus supportable comme ceci, on est davantage pris dans l’histoire. Même si, en soi, c’est généralement un mécanisme qui fait mouche chez moi (sauf quand on essaye de me vendre une voiture ou qu’on utilise des arguments grossiers, type inspirational porn et autre). Pour terminer la comparaison, je me suis dit que cela venait aussi du fait que ce livre était français tandis que l’autre était américain. La mentalité n’est pas la même et, même si j’ai eu des moments WTF, c’était bien plus réaliste et crédible.

J’ai bien aimé le personnage principal ! J’ai vu des critiques qui ne l’aimaient pas, mais moi, si. À part à la fin où je trouvais certaines de ses actions trop grossières (mais j’y reviendrais plus tard), je l’ai trouvé… eh bien crédible. C’est un peu une madame Tout-le-Monde et même si je n’ai que la moitié de son âge et une situation très différente, je comprenais ce qu’elle ressentait. Du coup, cela donnait bien plus envie de tourner les pages pour voir comment les choses allaient s’arranger pour elle.
Le livre a un glossaire à la fin avec les principes importants et, même s’ils restent simples et que j’en connaissais déjà un certain nombre, ils sont utiles et pour un débutant, cela peut-être une bonne porte d’entrée.
Et c’est à peu près tout.

Bon, maintenant que nous avons dit le positif de ce livre, parlons des choses qui fâchent. Ouvrez la salière, faites couler à flots, on attaque les choses sérieuses et GRRRRRRRRRRR…

Beaucoup de situations paraissent un peu forcées. Je pense surtout à la fin qui m’a vraiment déçue. Sans trop rentrer dans les détails, car nous sommes une critique spoiler-free, c’était… Trop. Trop gros, trop rapide. Trop de drama également, juste pour pouvoir faire un dernier rebondissement alors que cela aurait très bien pu se résoudre avant. Le personnage devient soudainement naïf et, alors qu’on nous disait qu’elle travaillait son projet d’arrache-pied, qu’elle a tout un dossier et tout… Ne songe pas à faire cette démarche hypra importante sur laquelle repose tout son projet avant de changer radicalement de vie ce qui fait qu’elle se retrouve soudainement sans filet. Donc drama, incertitudes et tout jusqu’au moment inspiré de son fils et soudainement tout remarche sauf que c’était vraiment trop gros comme ficelle ça !
Sans compter l’apparition de la Guest Star qui se pointe en mode “méoui c’est réaliste”.
Aussi, je pense qu’il y avait une réflexion derrière son projet, une façon de montrer que parfois, ce n’est pas la solution la plus évidente qui est forcément la meilleure. Une façon de mettre en valeur les situations alternatives. Un peu comme les sites d’orientation qui vous rappellent que si vous aimez les animaux, il n’y a pas que vétérinaire (études très complexes) comme futur mais tout un tas d’autres métiers plus accessibles. Une bonne idée sur le papier, je saisis tout à fait l’intention. L’ennui, c’est que je n’ai rien compris à son principe. Du coup, j’étais un peu sceptique. Ça sonnait très “Start-up nation”. Mais pourquoi pas ?
Un autre point où l’héroïne m’a paru vraiment cruche, c’est le coup de la photo. “Oh mon dieu ! Je viens de trouver une photo représentant deux personnes, dont une qui ressemble vraiment à X à un détail près. Je me demande bien qui cela peut-il être. Peut-être son frère ? Oh là là !”. Attention, la réponse va vous surprendre ! Pareil pour ce plot twist très… étrange ? Moui, bof, si vous voulez ?
Et avant cela ? Eh bien, il y a deux autres points que je n’ai pas DU TOUT appréciés. Le premier, c’est celui autour du poids. Et si j’ai parlé de salière tout à l’heure, ce n’est clairement pas à la légère. Par où commencer ? 
L’héroïne, au cours de son programme, décide de perdre du poids. Elle se plaint de se sentir trop grosse, que cela lui plombe son estime de soi. Le problème est même déjà pointé du doigt inconsciemment : elle se scrute bien trop. Et vous savez quoi ? Le. Coach. Lui. Donne. Raison. Genre, quand elle lui en parle, il est totalement d’accord et lui indique une méthode pour faire un régime – restrictif au passage, parce qu’il ne faut pas déconner. Je grinçais sérieusement des dents à ce moment-là et j’ai voulu balancer le livre par la fenêtre quand il a soudainement changé d’avis deux chapitres plus loin, au pire moment, en lui faisant remarquer que son souci n’était pas son poids, mais sa perception d’elle-même. Oui, car j’ai oublié de préciser ce détail, mais le livre se contredit plusieurs fois. M’enfin bon. De toute manière, le discours est vite passé à la trappe puisqu’elle perd effectivement ses kilos. Et on touche du doigt le problème là.
Quand je vous ai dit que l’héroïne se sentait grosse, vous avez sûrement dû vous faire une estimation de son poids, plus ou moins élevé selon vos référentiels. Moi, j’avais déjà un indice, un truc qui m’avait bien fait tiquer à ce sujet : elle ne rentre plus dans “un 40 un peu optimiste” pour reprendre ses termes. Donc on peut légitimement se dire qu’elle fait une taille 42. Et là, ça tique vraiment parce que les tailles 40-42 sont les tailles moyennes en France pour une femme. C’est littéralement la plus répandue et on parle d’une quadragénaire ayant déjà eu une grossesse. Statistiquement, c’est ce qu’on devrait attendre. Vous sentez venir le souci ?
Le couperet tombe : elle faisait 59 kg.
Vous ne comprenez pas ce qui me choque ? Eh bien, c’est très simple. Vu qu’on n’a aucune indication sur sa taille (elle ne se plaint à aucun moment d’être petite ni très grande et vu comment elle se critique, on l’aurait su si c’en avait été autrement), partons sur une taille moyenne : 1m65. On sort la petite calculatrice, on va estimer son IMC (même si en soi l’IMC n’est pas parfait, il donne une assez bonne estimation dans ce cas là). Résultat : 21,67 : corpulence normale.
Ouais. Elle n’est absolument pas, à AUCUN moment, en surpoids. Elle avait même pas mal de marge. Une autre petite recherche google nous informe que le poids moyen d’une femme en France est de 63 kg (plus ou moins 2, selon les sites et études).
Et pourtant, le livre soutient qu’elle est trop grosse, c’est à peine remis en cause (et encore, ça n’a aucun impact ET le moment où il le dit est trop tard, dans une scène mauvaise et oubliée la seconde d’après). Quand elle perd ses kilos, elle est félicitée. Les conseils donnés sont au mieux risibles, au pire dangereux. Et maintenant que j’y songe, c’est bizarre qu’il ne l’emmène pas voir un professionnel à ce sujet vu qu’il l’emmène voir pas mal de monde ailleurs. On a pas de diététicien ni de cuisinier par exemple ou autre. Aucune vraie information, aucune remise en perspective, nada.
Autant dire que je grrrrrrrrrrrrrrrrrr intérieurement.
Le seul point “positif” est la mise en lumière de manger mieux, mais bon, cela aurait pu être présenté ainsi, sans passer par la case “régime”…
Dernier point et pas des moindres : c’est du développement personnel. Du coup, c’est réellement centré sur l’individu. Ça a ses bons et ses mauvais côtés. De fait, ça a tendance à zapper les explications sociales ou juste systémiques (=qui relève d’un système, . Et ça pose soucis à plusieurs endroits.
Un qui m’a réellement marqué, c’est lors d’une dispute. La situation de base est assez réaliste et a de suite fait écho en moi. Le problème de fond est la charge mentale : personnage principal est débordée, au bord de l’implosion. Elle est fatiguée, doit gérer à la fois son fils et le repas. Mari rentre et… ne fait rien, mais râle. Le ton monte petit à petit et vers la fin, ça sort les “Je suis fatigué, j’ai travaillé toute la journée !”/“Je travaille moi aussi !”/“Mais bien sûr…” (schématiquement). Bref, ça explose, elle fuit la maison, appelle son coach. Tout est clair, limpide.
La solution du coach ? Recentrer sur l’individu. “Basiquement, c’est de votre faute, vous auriez dû être ci, vous auriez dû faire ça…” tout le long. Toute la responsabilité lui incombe. C’est à elle de mieux écouter, d’être plus agréable… Vous vous rappelez quand j’ai mentionné qu’il lui dit plusieurs chapitres plus tard que le souci n’est pas son poids, mais sa perception d’elle-même ? Eh bien, c’est dans ce contexte-là. Ouais, meilleure idée au monde. Je vous passe l’extrait pour que vous compreniez :

— Je… je ne m’aime pas, c’est ça ?
— Oui, c’est ça, Camille. Vous avez tendance à interpréter les comportements de votre conjoint à travers le filtre déformant de vos pensées négatives. En ce moment, vous ne vous aimez pas tellement, parce que vous vous êtes mis en tête que vous étiez moins jolie avec vos petits kilos en trop et vos premières ridules… Inconsciemment, vous projetez sur votre mari votre peur de ne plus être aimable. […]

On notera que cela n’a aucun rapport avec le sujet de la dispute de départ et que c’est même pire que ce que je me rappelais pour le poids. La suite axe sur la communication, l’empathie et tout, ce qui sont en soit de bonnes choses, mais cela replace toute la responsabilité sur elle et dans la réalité, c’est juste un pansement sur une plaie. Ça ne va pas assez loin, ça ne creuse pas le cœur du problème. C’est dû au côté développement personnel, mais également au côté roman : on ne peut pas se permettre de faire un essai, il faut que ça soit accessible (même si ça reste frustrant et qu’au moins une mention ou vague explication m’aurait suffit).
Aussi, ultime note que le livre se contredit, les parents étaient censés être dans l’éducation positive avant que le livre ne commence. Certes, la mère n’en pouvait plus et a effectué un virage à 90° en devenant trop stricte. C’est posé comme étant le principal problème dans sa relation avec son fils. Mais du coup, tout ce que le coach lui explique dans cette discussion, elle ne devrait pas déjà les connaître ? Je veux dire, c’est la base de l’éducation positive. Ca m’a fait tiquer à la lecture.
Le livre est rempli de petits moments comme ça où on se dit « Attends… mais non ! ». C’est un peu perturbant.
En résumé ? Je ne l’aurais pas acheté de moi même, mais je ne suis pas mécontente de l’avoir lu. Est-ce qu’il m’a réconcilié avec le genre ? Hum, non, pas vraiment. Est-ce qu’il m’a plu ? Bof. Il y a trop de points qui m’ont dérangé pour cela. Est-ce que je le recommande ? Franchement, oui. Si vous aimez les livres de ce genre ou que vous voulez vous faire un avis dessus, il est assez accessible et moins indigeste que d’autres.
Mais pour moi, c’est définitivement un nope.
Sur ce, merci de m’avoir lu ! Et je vous dis à la semaine prochaine pour une nouvelle critique 😀
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Un commentaire

  1. Steamboat Willie · janvier 23, 2020

    Je sais maintenant que ce livre m’énervera plus qu’autre chose. Merci pour cet article très construit !

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